Sexualité réprimée, sexualité débridée

 

Si les effets psychologiques des agressions sexuelles sont depuis longtemps débattus  et  étudiés,   les   effets   sur   la sexualité le sont beaucoup moins et encore plus rarement lorsqu’il s’agit d’hommes. 

 

 

De façon générale, les personnes qui ont subi des préjudices sexuels, ont  à l’égard de la  sexualité, des comportements qui vont de la compulsion à la répulsion. Ainsi certaines études³ portant sur le comportement, signale chez les victimes d'agression sexuelle la crainte des rapports sexuels,  l'aversion du sexe ou la réminiscence du traumatisme lors des rapports sexuels. On y note que les capacités de séduction sont fréquemment altérées en raison des nombreux facteurs d'exclusion sociale (alcool, drogue, toxicomanie, altération de l'estime de soi et de la détérioration de l'identité personnelle, en raison de facteurs dépressifs très fréquents, ou en raison de troubles du schéma corporel) eux-mêmes  pourvoyeurs de troubles sexuels. D’autres études indiquent qu'un abus sexuel dans l'enfance prédispose à l'âge adulte à des comportements à risque de transmission du VIH et d'autres maladies sexuellement transmissibles par des relations non protégées sexuelles, des partenaires multiples et des rapports sexuels brefs avec des partenaires occasionnels.

 

LA PROSTITUTION

 

 

Une quantité impressionnante d’études sur la prostitution féminine démontrent qu’il y a un lien entre les agressions sexuelles subies dans l’enfance et les activités de prostitution (James et Meyerdind, 1987 ; Boyer et James, 1983 ; Bagley et Young, 1987). Les recherches menées auprès de prostitués hommes en arrivent aux mêmes résultats (Boyer, 1989 ; Earls et David, 1989). En fait la fréquence des agressions sexuelles chez les prostitués des deux sexes est remarquablement plus grande que dans la population générale. Ainsi, à San Francisco, 61% des prostitués avaient été victimes d’exploitation sexuelle (Silbert et Pines, 1982) ; en Alberta, 73% des prostituées avaient connu l’inceste, comparativement à 29% des femmes d’un groupe témoin, choisi au hasard (Bagley et Young, 1987). Chez  les  travailleurs du  sexe  (prostitution de rue et de bars, danse nue, escorte sexuelle- études de Dorais auprès de 40 travailleurs), plus de la moitié d’entre eux ont été victimes d’abus sexuels. La proportion des ex-victimes d’agressions sexuelles dans le groupe des jeunes hommes interrogés dépasse, et de loin, la proportion des garçons victimes d’agressions     sexuelles      dans      la     population masculine en générale (estimé à 16 %). Selon Dorais, ce pourcentage pourrait être multiplié par 3,5 ou 4, si ce n’est davantage.

 

On rapporte également une fréquence plus élevée des viols et des attentats à la pudeur chez les prostitués des deux sexes qu’au sein de la population en général ; ainsi près de la moitié des prostitués auraient subi un viol. La plupart du temps, les agressions sexuelles ont procédé la prostitution (Boyer, 1989). Bien sûr, toutes les personnes qui se prostituent n’ont pas nécessairement été victimes d’inceste. Cependant, si nous ajoutons aux traumatismes sexuelles les traumatismes physiques et psychologique, nous obtenons un total de 100% (Silbert et Piens, 1983 ; Bagley et Youg, 1987).

 

 

 

Résumé/extrait de 1) Brisson, Pierre, L’usage des drogues et la toxicomanie-vol. II, Gaëtan Morin Éd., 2) Dorais, Michel, Travailleurs du sexe, vlb, 2003       3) Sevène, A., Conséquences sexologiques de la pédophilie et de l’inceste sur l’homme-victime, Revue Europ. Sexol; Sexologies;(XIII), 48 : 37-39