Troubles alimentaires

 

Trois troubles de l'alimentation chroniques ont été identifiés. L'Anorexie mentale se caractérise par une perte de poids considérable due à l'extrême réduction de l'apport alimentaire. La Boulimie se caractérise par des épisodes d'ingestion incontrôlée d'une grande quantité de nourriture suivis de purgations occasionnant en conséquence de fréquentes fluctuations de poids. L'Hyperphagie boulimique, ou alimentation compulsive, se caractérise par des périodes de suralimentation, souvent en cachette et souvent dans le but de se réconforter.

 

Entre 1 et 2 % des femmes âgées de 15 à 25 ans sont anorexiques et entre 3 et 5 % sont boulimiques¹. Le taux de mortalité associé aux troubles de l'alimentation est plus élevé que celui  de  toute autre  maladie mentale,  puisqu'entre  10 à 20 %  y succombe tôt  ou  tard en raison de complications¹. Les troubles alimentaires ne sont pas réservés qu’aux femmes; plus de 5% (il s’agirait d’un chiffre très conservateur- l’anorexie chez les hommes étant souvent relié à l’homosexualité) des anorexiques sont des hommes. Ils représentent aussi une assez forte proportion des personnes souffrant d’hyperphagie (soit 2 hommes pour 3 femmes). Et depuis quelques années, de plus en plus d’hommes, souffrent de bigarexie (« complexe d’Adonis » ou dysmorphie musculaire- exercices physiques et diètes).

 

Les troubles alimentaires peuvent être liés à la présence de violence sexuelle. Selon les études, on estime que 12 à 37 % (pourcentage plus élevé chez les boulimiques) des sujets présentant des troubles de l'alimentation ont été victimes de violence sexuelle³.  Selon Geneviève Parent, « l'abus sexuel répété amène souvent un sentiment de perte de contrôle. L'enfant ne peut contrôler son agresseur et les gestes qu'il commet. Comme il est incapable de contrôler son environnement, il cherche donc à avoir un contrôle sur lui-même. L'enfant abusé devenu adolescent cherchera donc à reprendre un certain contrôle, après ce qui lui est arrivé dans son enfance. Comme il se perçoit impuissant face à son environnement, il cherchera à avoir de l'emprise sur lui-même, notamment en contrôlant son poids. A travers l'anorexie, la personne contrôle ce qu'elle mange et elle a donc une victoire sur un aspect de son environnement (la nourriture) et sur quelqu'un (elle-même) ». Les victimes de violence sexuelle ont souvent une perception déformée de leur corps et craignent d’en perdre le contrôle et d’être mutilées; elles éprouvent également un dégoût pour leur corps et pour tout ce qui évoque la féminité (seins, fesses, hanches, cuisses) et la sexualité. Par la perte de poids et de forme liées à l’anorexie, la femme victime d'agression sexuelle, rejetterait les parties féminines de son corps, ce qui la protégerait d'éventuelles agressions: elle ne serait plus un objet sexuel de désir. A travers la boulimie, la personne devient anxieuse face à la perte de contrôle que l'on retrouve dans la compulsion alimentaire mais elle reprend le contrôle en éliminant cette nourriture. De même, les femmes souffrant de compulsion alimentaire se cacheraient derrière leur poids excessif pour ne plus être un objet sexuel de désir. Dans certains cas, les troubles alimentaires peuvent être une reconstitution de la violation et de l’intrusion subies par la personne au cours de l’agression. Ces tentatives de punition ou de maîtrise du corps représentent ainsi, symboliquement et littéralement, une « simulation » infligée à son corps. Ces victimes ont souvent l’impression d’avoir été trahies par leur corps qu’elles tiennent pour responsable. Le cycle frénésie alimentaire-purge peut avoir une fonction protectrice. Ce comportement semble, en particulier, diminuer l’intensité et la conscience d’états émotionnels et cognitifs intolérables et servir d’exutoire pour exprimer sa colère,  relâcher le stress et la tension,  reconstruire le soi, prendre les choses en mains, assurer une certaine prévisibilité, acquérir un sens de son espace personnel, se purifier de l’agression et se recentrer. 

 

 

 

 

Source : Résumé/extrait/adapté de 1) www.acsm.ca  2) www.anebquebec.com 3) www.troublesalimentaires.org  4) Parent, Geneviève, Revue Corps et âme, no. 38