Sensibilisation des professionnels de la santé

 

 

Nous vous proposons un résumé du document « Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé »¹. Les principes et les lignes directrices qu’énonce le Manuel de pratique s’inspirent d’études réalisées auprès de Canadiens et de Canadiennes ayant des antécédents de violence sexuelle pendant l’enfance.  

 

 

 

Ø INTRODUCTION

 

Ø COMPORTEMENTS ET SENTIMENTS QUI SE MANIFESTENT LORS DE RENCONTRES DE SANTÉ

 

Ø LES PRINCIPES DE LA PRATIQUE SENSIBLE

 

Ø APERÇU DES LIGNES DIRECTRICES POUR LA PRATIQUES SENSIBLE

 

Ø DIVULGATION – COMMENT RÉAGIR EFFICACEMENT

 

Ø DOCUMENTS - MANUEL  DE PRATIQUE SENSIBLE (version intégrale) ET EXTRAITS, DÉPLIANTS À L'INTENTION DES VICTIMES

 

  

 

INTRODUCTION

 

Pour un large éventail de phénomènes de santé, les événements indésirables pendant l’enfance — dont la violence sexuelle, physique et psychologique — compteraient parmi les facteurs de risque accru d’ennuis de santé. À leur insu ou non, dans l’exercice de leur pratique, les praticiens et praticiennes de la santé ont donc tous affaire à des adultes ayant survécu à des violences interpersonnelles. Ces derniers sont des consommateurs et consommatrices de tout âge qui demandent à recevoir une foule de soins de santé.

 

Certains examens et certaines formalités peuvent paraître habituels et sans danger aux yeux des pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé, mais imposer un stress aux personnes ayant survécu à une agression sexuelle, chez qui ils risquent d’éveiller le souvenir d’un trauma initial.

 

Les établissements de santé sont des milieux qui tendent à porter une attention exclusive au corps des patients et patientes. Vulnérables et exposés, ces derniers s’y trouvent plongés dans un environnement qui échappe à leur contrôle et où leurs limites personnelles sont couramment transgressées. Soumis à des traitements parfois douloureux, ils y éprouvent communément un sentiment d’impuissance. En captant certains échos de sévices passés, toutes ces conditions peuvent s’avérer fort pénibles pour des personnes ayant survécu à une agression sexuelle. Pour bien cerner les besoins de ces dernières et saisir la manière dont elles réagissent aux soins, il faut d’abord comprendre la dynamique qui sous-tend la violence envers les enfants et en connaître les répercussions à long terme.

 

Une pratique sensible mise sur des habiletés essentielles en vue d’aider les praticiens et praticiennes de la santé à non seulement s’adapter aux besoins particuliers des adultes ayant survécu à des violences ou à de mauvais traitements, mais aussi traiter ces personnes avec compassion.

 

Les auteurs estiment que les principes et les lignes directrices pour la pratique sensible peuvent être adaptés à tout milieu où sont dispensés des soins de santé.

 

Les personnes qui font état d’antécédents de violence sexuelle pendant l’enfance ne souffrent pas toutes d’ennuis de santé. Certaines études concluent « que de vingt à quarante pour cent des personnes disant avoir subi des violences sexuelles pendant l’enfance ne souffrent, à l’âge adulte, d’aucune dysfonction mesurable qui pourrait être liée de façon plausible à ces mauvais traitements ».Cependant, bon nombre d’entre elles éprouvent des troubles physiques, des troubles du comportement et des troubles psychologiques chroniques qui les poussent à recourir souvent aux services de praticiens et de praticiennes de la santé. Ces derniers n’interrogent pas invariablement ces personnes à propos de la violence sexuelle pendant l’enfance. Ainsi, les répercussions à long terme de cette violence ne sont pas pleinement reconnues, les ennuis de santé connexes font l’objet d’un mauvais diagnostic et, dans bien des cas, les traitements qui en résultent ne s’inscrivent pas dans une démarche sensible et intégrée.

 

 

 

COMPORTEMENTS ET SENTIMENTS PRÉCIS QUI SE MANIFESTENT LORS DE RENCONTRES DE SANTÉ

 

Méfiance à l’endroit des symboles d’autorité

 

Tout au long du projet, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont relaté les violations commises pendant leur enfance par des symboles d’autorité, ajoutant que ces violations avaient éveillé en elles un sentiment de méfiance qui nuisait à leurs échanges avec les praticiens et praticiennes de la santé. Cette méfiance provient du passé et n’a rien d’un affront personnel.

 

De même, les personnes ayant survécu à une agression sexuelle pendant l’enfance risquent de réagir négativement à un praticien ou à une praticienne de la santé qui, par son allure, son sexe ou ses traits particuliers, leur rappelle un agresseur ou une agresseuse. La dynamique du transfert permet de comprendre les réactions de ces personnes lorsqu’elles n’ont rien à voir avec le praticien ou la praticienne avec qui elles échangent ou encore avec la nature de la rencontre avec le praticien ou la praticienne. Par ailleurs, en connaissant bien le mécanisme de transfert, les praticiens et praticiennes de la santé seront moins portés à juger désobligeantes les réactions négatives de leurs patients ou patientes.

 

Il est capital de savoir que certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle risquent d’associer les paroles rassurantes du praticien ou de la praticienne de la santé qui tente de calmer son patient ou sa patiente aux promesses creuses de sécurité lancées par l’agresseur ou l’agresseuse au moment d’infliger de mauvais traitements.

 

 

 

Peur et anxiété

 

 

 

Les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont longuement évoqué la peur et l’anxiété immenses que suscitaient en elles les rencontres de santé. L’attente, la proximité des symboles d’autorité et l’incertitude concernant la suite des événements sont autant d’éléments qui captent les échos de sévices passés. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont même déclaré craindre que le praticien ou la praticienne de la santé ne les agresse.

 

 

 

Malaise à l’égard des personnes du même sexe que l’agresseur ou l’agresseuse

 

 

 

Pour certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle, le sexe d’une personne en situation d’autorité constitue un puissant « élément déclencheur » qui risque d’éveiller en elles un sentiment d’insécurité et de vulnérabilité. Cette vive réaction empêche certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle de réclamer des soins de la part de praticiens ou de praticiennes du même sexe que leur agresseur ou agresseuse.

 

 

 

Éléments déclencheurs

 

Les examens ou les traitements risquent soit de « déclencher » des flashbacks, des souvenirs précis ou des sentiments écrasants comme la peur, l’anxiété, la terreur, le deuil ou la colère, soit d’accélérer l’apparition de ces symptômes.

 

 

Actes autodestructeurs

 

Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle commettent des actes autodestructeurs (p. ex., égratignures, coupures ou brûlures cutanées) pour tenter de s’adapter aux sentiments de détresse qui les affligent de longue date. Les praticiens et praticiennes de la santé reconnaîtront de tels actes aux blessures que porte le patient ou la patiente aux bras, aux jambes ou à l’abdomen.

 

Parfois, l’autodestruction revêt des formes plus subtiles, notamment quand une personne ignore les enseignements ou recommandations sanitaires visant les traitements ou la gestion des symptômes (p. ex., refus de revoir la cadence de vie malgré des douleurs et une fatigue ou défaut de respecter un régime de traitement du diabète). De nombreux motifs peuvent pousser les personnes ayant survécu à une agression sexuelle à s’autodétruire. Ainsi, en agissant de la sorte, elles oublieraient la douleur émotionnelle qui les accable, feraient porter la douleur sur une partie précise de leur corps ou tenteraient de faire cesser un épisode de dissociation ou d’engourdissement. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle posent des actes autodestructeurs afin de retrouver le sentiment de posséder ou de contrôler leur corps. D’autres cherchent à punir ou à expier des torts qu’elles croient avoir commis. Dusty Miller fait valoir que les actes autodestructeurs comptent parmi un éventail de comportements de destruction de soi qui s’inscriraient dans une démarche inconsciente de répétition des traumatismes passés.

 

 

 

Questions relatives à la sexualité et à l’orientation sexuelle

 

Il importe de reconnaître les défis que risquent de poser les questions de sexualité — et de façon générale les questions d’intimité — pour les hommes et les femmes ayant connu la violence sexuelle pendant l’enfance.

 

 

 

LA PRATIQUE SENSIBLE

 

La pratique sensible a pour but de favoriser le développement d’un sentiment de sécurité chez les patients et patientes. Les principes et les lignes directrices qu’énonce le Manuel de pratique s’inspirent d’études réalisées auprès de Canadiens et de Canadiennes ayant des antécédents de violence sexuelle pendant l’enfance. Ces principes et lignes directrices dictent une attitude fondamentale à l’égard des soins qui devrait prévaloir pour tout patient ou toute patiente. En faisant des principes pour la pratique sensible une norme, les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé attestent du respect qu’ils portent à leurs clients et clientes tout en soutenant l’autonomie de ces derniers et leur droit de participer à la prestation des soins. En outre, ils atténuent le risque de réitérer les traumatismes subis par les personnes ayant survécu à une agression sexuelle qui se retrouvent — à leur insu ou non — parmi leur clientèle.

 

 

 

Aperçu des principes pour la pratique sensible

 

 

 

Faire preuve de respect

 

Reconnaître la valeur particulière des clients et clientes en tant que personnes dotées de croyances, de valeurs, de besoins et d’antécédents qui leur sont propres, c’est imposer le respect de leurs droits humains fondamentaux, défendre ces droits et surseoir aux jugements à l’endroit de ces personnes.

 

 

 

Prendre le temps

 

Prendre le temps qu’il faut avec les patients et patientes leur évite un sentiment de dépersonnalisation ou d’objectivation.

 

 

 

Établir de bons rapports

 

Définir et cultiver un style personnel qui marie professionnalisme et compassion sincère, c’est favoriser l’instauration d’un climat de confiance et le développement d’un sentiment de sécurité.

 

 

 

Partager l’information

 

Renseigner sans cesse les patients et patientes pour qu’ils sachent à quoi s’attendre et les inviter à poser des questions, à donner de l’information et à fournir une rétroaction sont autant de mesures qui contribuent à atténuer l’anxiété des intéressés et qui favorisent une participation active de ces derniers à leurs propres soins de santé.

 

 

 

Partager le contrôle

 

Demander le consentement et proposer des choix, c’est donner l’occasion aux patients et aux patientes de participer activement et à part entière à leurs propres soins de santé tout en permettant au clinicien ou à la clinicienne de collaborer avec eux, par opposition à travailler auprès d’eux.

 

 

 

Respecter les limites

 

Porter une attention constante aux limites et aborder les ennuis qui surviennent permet de souligner le droit à l’autonomie personnelle des patients et patientes.

 

 

 

Favoriser un apprentissage mutuel

 

Favoriser la mise en place d’un environnement propice à des échanges réciproques incite les personnes ayant survécu à une agression sexuelle à se renseigner sur leur santé et à apprendre à participer activement à leurs propres soins, tout en aidant les cliniciens et cliniciennes à découvrir les meilleures méthodes pour collaborer avec les personnes ayant subi des violences interpersonnelles.

 

 

 

Comprendre la guérison non linéaire

 

Vérifier l’état des patients et patientes à chaque rencontre et au fil du temps (et consentir à adapter les comportements en conséquence) permet aux aidants et aidantes de satisfaire aux besoins de personnes qui ne possèdent pas en tout temps la même capacité de tolérer des examens et des formalités de santé.

 

 

 

Démontrer une connaissance et une conscience de la violence interpersonnelle

 

Témoigner un éveil à l’égard des questions de violence interpersonnelle permet aux professionnels et professionnelles de se montrer dignes de confiance tout en favorisant l’instauration d’un climat qui incite les patients et patientes à accepter de collaborer avec les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé.

 

 

 

APERÇU DES LIGNES DIRECTRICES POUR LA PRATIQUES SENSIBLE

 

 

 

Salles d’attente

 

 

 

·         Informer les patients et patientes des délais d’attente ou les prier de vérifier de temps à autre

 

·         Fournir des documents qui traitent des traumas interpersonnels

 

·         Donner accès à des toilettes et indiquer clairement où elles se trouvent

 

 

 

Protection de la vie privée

 

 

 

·         Cogner et attendre une réponse avant d’entrer

 

·         Prévoir au moins une salle insonorisée servant aux examens ou aux entrevues

 

·         Résoudre les problèmes avec le concours des patients et patientes afin de satisfaire à leurs besoins de sécurité et de protection de la vie privée

 

 

 

Préparatifs visant les patients et patientes

 

 

 

·         Fournir des renseignements préliminaires en langage clair et simple, verbalement et par écrit

 

·         Négocier avec les patients et patientes afin de cerner leurs besoins et de trouver des solutions utiles

 

·     Favoriser la présence d’accompagnateurs et d’accompagnatrices ou de personnes exerçant la fonction de « chaperon » ainsi que convenir des fonctions exercées par chaque partie

 

 

 

 

 

Rencontres avec les patients ou patientes

 

Présentations

 

·      Discuter et négocier à propos des rôles joués par le patient ou la patiente et le clinicien ou la clinicienne, et ce, avant tout examen ou traitement

 

·    Prévoir assez de temps pour permettre à la personne de bien comprendre les gestes du clinicien ou de la clinicienne

 

·      Ne pas supposer que le patient ou la patiente sait de quoi il en retourne lors d’un examen, d’un traitement ou d’une formalité

 

·       Demander sans cesse le consentement du patient ou de la patiente, et ce, tout au long de la rencontre

 

 

 

Vêtements

 

·      S’assurer de rencontrer le patient ou la patiente avant et après l’examen, à un moment où la personne porte tous ses vêtements

 

·       Justifier le besoin de se dévêtir

 

·      Discuter des exigences de déshabillage avec le patient ou la patiente et collaborer avec la personne pour trouver une solution acceptable

 

·       Minimiser le nombre de vêtements à retirer et la période pendant laquelle la personne se met à nu

 

·    Fournir tout un assortiment de jaquettes de différentes tailles, pouvant convenir aux personnes de toute corpulence

 

·        Sortir de la salle pendant que le patient ou la patiente se change

 

Demandes de renseignements spécifiques à la tâche (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

·       Interroger le patient ou la patiente à propos de ses expériences passées, de ses préférences et des réserves que lui inspire l’examen ou la formalité

 

·       Demander à la personne s’il y a moyen de la mettre à l’aise

 

·     Demander au patient ou à la patiente d’indiquer s’il y a d’autres éléments dont le clinicien ou la clinicienne devrait prendre connaissance

 

·      Répéter les demandes de temps à autre au fil de la rencontre ou si le langage corporel de la personne trahit un malaise

 

Approche générale

 

·    Recourir aux demandes de renseignements spécifiques à la tâche pour cerner les difficultés, et tâcher de résoudre conjointement les problèmes pour mettre la personne à l’aise

 

·       Surveiller le langage corporel et réagir à tout signe de détresse

 

·    Expliquer pourquoi certaines positions doivent être prises par le patient ou la patiente et le clinicien ou la clinicienne

 

Toucher

 

Lors des consultations réalisées aux fins du projet, la plupart des personnes ayant survécu à une agression sexuelle ont fait valoir que toute forme de toucher risquait d’éveiller l’anxiété. Ce commentaire vaut pour le toucher provenant de tous les groupes de praticiens et de praticiennes exerçant leur métier dans un large éventail de situations, qu’il s’agisse par exemple de mesurer la pression sanguine, de prendre un échantillon sanguin ou d’effectuer un examen physique complet.

 

·       Décrire les éléments en cause avant et pendant l’examen ou le traitement

 

·    Demander le consentement avant de commencer et au moment de faire porter l’attention sur une partie différente du corps. Inciter la personne à demander, en tout temps, de faire une pause ou encore de ralentir ou d’interrompre l’examen si elle doit dissiper un malaise ou calmer un sentiment d’anxiété

 

·      Expliquer le bien-fondé de l’examen de parties du corps autres que celles où se manifestent des symptômes, en cas de problème énoncé justifiant une telle démarche

 

 

 

Position du corps et proximité

 

Dans le cadre du projet, les hommes et femmes ayant survécu à une agression sexuelle ont fait état des difficultés qu’ils éprouvaient à se retrouver partiellement nus dans certaines positions, dominés par un clinicien ou une clinicienne portant tous ses vêtements. Les praticiens et praticiennes de la santé peuvent aborder la question de la position comme toute autre dimension de l’examen ou du traitement, à savoir en expliquant le bien-fondé de la position à adopter, en obtenant le consentement de la personne, en étant à l’affût de signes de détresse manifestée par cette dernière et en donnant des commentaires au fur et à mesure.

 

D’autres participants et participantes ont évoqué le malaise ressenti lorsque le clinicien ou la clinicienne devait adopter certaines positions ou se placer très près d’eux, notamment pour examiner les yeux, les oreilles et la cavité buccale ou pour effectuer des traitements comme un ajustement vertébral.

 

Examens et formalités visant les organes génitaux ou le rectum

 

D’après les témoignages recueillis, l’examen du pelvis et du sein (chez la femme) et l’examen des organes génitaux et du rectum (chez l’homme) sont les deux étapes les plus pénibles d’un examen physique. Certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle et participé au projet ont évoqué les flashbacks que ces procédures pouvaient déclencher en elles.

 

Selon les participantes et participantes des études, les praticiens et praticiennes devraient d’abord décrire le déroulement normal de l’examen, puis demander au patient ou à la patiente s’il y aurait lieu d’apporter de quelconques ajustements. Également :

 

·       Reconnaître le malaise

 

·       Commenter au fur et à mesure les gestes qui sont posés

 

·       Porter attention aux signes non verbaux de détresse

 

·    Minimiser la période pendant laquelle la personne est maintenue dans une position où elle peut se sentir dominée

 

·      Si possible, de procéder à l’examen du pelvis de façon à ce que la tête et le haut du corps de la femme soient légèrement surélevés

 

·       Recouvrir les parties de corps ne faisant pas l’objet d’un examen

 

 

 

Grossesse, travail, accouchement et post-partum (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

Dans le monde occidental, les soins prénataux « de qualité » reposent sur de fréquents rapports avec des praticiens et praticiennes de la santé — médecins, infirmières et infirmiers, sages-femmes ou sages-hommes, techniciens ou techniciennes en ultrasonographie, personnel de laboratoire et autres. Par ailleurs, ces soins prévoient de nombreux examens, tests, formalités et traitements qui risquent de s’avérer pénibles pour les personnes ayant survécu à une agression sexuelle. Debra Hobbins dresse la liste suivante d’expériences périnatales susceptibles d’éveiller le souvenir de violences sexuelles subies pendant l’enfance :

 

  • Le déshabillage ;
  • L’exposition ou l’examen des parties génitales ;
  • Les côtés de lit surélevés ;
  • La contention ou le confinement sur un lit au moyen de dispositifs (tels qu’un cordon de moniteur fœtal, une ceinture, un brassard de tensiomètre ou un masque à oxygène) ;
  • La sédation (analgésiques) ;
  • Les demandes d’aide ignorées ou traitées tardivement.

 

 

 

Santé buccodentaire et soins du visage (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

·    Convenir de signaux à faire de la main afin que le patient ou la patiente puisse donner une rétroaction immédiate lorsque la communication verbale s’avère impossible

 

·      Échanger avec le patient ou la patiente en vue de contrer les réserves liées à l’odeur des gants ou des digues dentaires, aux sensations que laissent ces objets, à la position du corps ou à d’autres difficultés spécifiques à la tâche

 

·       Veiller à formuler des commentaires qui soient aussi peu catégoriques que possible à propos de la santé ou des comportements bucco-dentaires du patient ou de la patiente

 

·      Minimiser la durée de la rencontre et songer à répartir les interventions de plus longue durée sur deux rendez-vous ou plus

 

 

 

Défis affrontés lors des rencontres

 

Douleur et séparation du corps (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

·       Évaluer systématiquement la douleur sans se montrer trop catégorique

 

·    Collaborer avec le client ou la cliente à la définition d’objectifs réalistes et identifier des recommandations appropriées

 

·       Inciter fréquemment la personne à se concentrer sur son corps

 

·       Donner des instructions claires, verbalement et par écrit, telles que la personne puisse les comprendre

 

·       Proposer un éventail de stratégies visant à stimuler la conscience de soi

 

Non-respect des traitements (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

·    Explorer toutes les catégories d’obstacles avec le patient ou la patiente et s’attaquer aux problèmes en formulant des solutions réalisables

 

·        Adapter les traitements pour qu’ils conviennent au patient ou à la patiente

 

·     Prévoir, si possible, des rendez-vous « le jour même » à l’intention de personnes qui annulent souvent leur rendez-vous

 

Modèle « S.A.V.E. » the situation

 

·         Interrompre toute activité et porter toute l’attention sur la situation actuelle

 

·         Prendre connaissance de la situation de la personne et la cerner

 

·         Valider l’expérience que vit la personne

 

·         Explorer quelles seraient les prochaines étapes, de concert avec le patient ou la patiente

 

Éléments déclencheurs et dissociation (Document PDF - version détaillée disponible au bas de la page)

 

·       Passer en revue la liste d’éléments déclencheurs communs et réfléchir à ceux qui pourraient être évités ou dont on pourrait tenir compte

 

·       Apprendre à reconnaître les signes d’une « réaction de combat ou de fuite »

 

·    Collaborer avec la personne frappée par un élément déclencheur de façon à rétablir sa conscience de l’ici-maintenant et à la réorienter

 

·       Normaliser l’expérience

 

·       Assurer un suivi adéquat

 

 

 

Colère et agitation

 

Lors des consultations réalisées en vue du projet, de nombreux hommes (et quelques femmes) ayant survécu à une agression sexuelle ont affirmé réagir avec colère lorsqu’ils éprouvaient de la peur ou de l’anxiété ou lorsque survenait un élément déclencheur. Il est souvent facile de faire preuve de compassion à l’endroit d’une personne triste ou effrayée. À l’inverse, la colère suscite souvent l’irascibilité, une attitude défensive ou des comportements de retrait. De telles réactions, cependant, risquent d’aggraver l’état des personnes ayant survécu à une agression sexuelle.

 

Les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé gagneraient à reconnaître l’existence d’un lien entre la colère manifestée par certaines personnes ayant survécu à une agression sexuelle et les sévices passés subis par ces dernières. En outre, ils devraient saisir la différence entre la colère (une émotion) et la violence (un comportement), qui ne constituent pas un seul et même phénomène ou une seule et même réaction.

 

Dans le cadre du projet, les participants et participantes ont recommandé que les praticiens et praticiennes se fient aux lignes directrices du modèle S.A.V.E. pour cerner les causes de la colère. Ils déconseillent toute tentative de contrôler les comportements d’un patient ou d’une patiente qui s’agite, proposant plutôt que les cliniciens ou cliniciennes : (a) laissent la personne se calmer ; (b) partagent leurs observations avec elle ; et (c) collaborent avec elle pour tenter de résoudre le problème — « oui à la négociation, non aux ordres ! » (témoignage d’un homme ayant survécu à une agression sexuelle). La situation risque de dégénérer rapidement si, en réponse à l’agitation ou à la colère d’une personne, le praticien ou la praticienne s’emporte ou adopte une attitude défensive. La gestion de la colère personnelle est au cœur du maintien de rapports interpersonnels efficaces. De nombreuses institutions et organisations ont introduit des politiques pour composer avec la colère et la violence manifestées par les patients et patientes. Il n’en demeure pas moins capital que les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé :

 

  • Gèrent leur propre sentiment de colère ;
  • Portent attention à leur sécurité personnelle (p. ex., ne pas se tenir trop près, éviter les gestes rapides ou soudains, repérer une voie de sortie) ;
  • Recourent à un langage corporel non menaçant (p. ex., se tenir debout sans croiser les bras et maintenir un angle léger par rapport à la personne pour éviter tout affrontement face à face) ;
  • Parlent lentement d’une voix basse et adoptent une respiration lente et régulière ;
  • Incitent la personne agitée à se détendre et réitèrent l’intérêt porté à l’écoute de ses préoccupations et à la recherche de solutions permettant de régler ses problèmes.
  • Négocient avec le patient ou la patiente et certifient quels sont les intérêts et les préoccupations du clinicien ou de la clinicienne

 

 

 

DIVULGATION – COMMENT RÉAGIR EFFICACEMENT

 

 

 

La divulgation : un défi pour les personnes ayant survécu à une agression sexuelle

 

 

 

Parmi les personnes ayant survécu à une agression sexuelle, celles qui ont divulgué leur expérience spontanément (c.-à-d. autrement que pour répondre à une question posée par le praticien ou la praticienne) l’ont fait dans l’espoir que l’information aide leur interlocuteur ou leur interlocutrice à mieux les comprendre.

 

Pour bon nombre de personnes ayant survécu à une agression sexuelle, la divulgation est un processus. Certains individus souhaitent en finir d’un seul coup alors que d’autres préfèrent révéler leur parcours progressivement, au fi l du temps — souvent par souci d’exercer un contrôle sur la cadence et le moment auxquels s’effectue la divulgation.

 

L’hésitation à divulguer pourrait être liée : (a) aux sentiments que se portent les personnes ayant survécu à une agression sexuelle ; (b) aux pressions exercées par les parents et parentes, amis ou amies et agresseurs ou agresseuses pour qu’elles gardent le silence ; (c) à la crainte de réactions négatives ; et/ou (d) au sentiment que les praticiens et praticiennes manquent de temps pour écouter ou semblent ignorer les effets à long terme que risque d’avoir la violence sur la santé.

 

Parmi les participants et les participantes consultés, bon nombre ont expliqué que leur propre sentiment de honte et de culpabilité avait façonné leurs attitudes à l’égard de la divulgation.

 

 

 

Possibles indicateurs de sévices passés

 

 

 

Aucun indicateur ou groupe de symptômes et/ou de comportements ne suffi t à fournir la preuve de sévices passés. Par contre, on compte un nombre croissant de recherches qui décrivent le lien existant entre les événements indésirables pendant l’enfance et certains comportements et/ ou expériences survenant plus tard dans la vie.

 

Parmi ces derniers, notons :

 

  • L’évitement généralisé des praticiens et praticiennes de la santé et/ou des organismes de santé ;
  • L’annulation répétée de rendez-vous ;
  • Le report répété d’examens physiques ;
  • Le piètre respect des recommandations formulées par les médecins ;
  • Les douleurs chroniques inexpliquées (p. ex., maux de tête et douleurs pelviennes, dorsales ou musculaires) ; les symptômes ou troubles gastro-intestinaux inexpliqués ;
  • Les troubles de l’alimentation, l’obésité ou les fluctuations marquées du poids ;
  • Les troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
  • Les troubles sexuels (p. ex., évitement, multiplication des partenaires sexuels, pratiques sexuelles à risque) ;
  • La consommation d’alcool et de drogues à mauvais escient ;
  • La déociatifs (passages à vide ou longs silences).

 

 

 

Bien qu’ils laissent manifestement entendre que la personne ait pu souffrir de mauvais traitements ou d’un trauma psychologique, de tels indicateurs risquent aussi d’être le produit d’autres facteurs — ce dont les pourvoyeurs et pourvoyeuses de soins de santé doivent absolument être conscients.

 

 

 

Les mauvais traitements ne sont pas toujours la cause des comportements observés. Il n’en demeure pas moins indispensable de s’informer de possibles antécédents de violence sexuelle pendant l’enfance.

 

 

 

Si le patient ou la patiente divulgue des sévices passés :

 

 

 

·         Accepter l’information

 

·         Témoigner de l’empathie et de la compassion

 

·         Préciser la question du secret professionnel

 

·         Normaliser l’expérience en reconnaissant la prévalence de la violence

 

·         Valider la divulgation et rassurer la personne pour faire échec aux sentiments de vulnérabilité

 

·         Aborder les contraintes de temps

 

·         Collaborer avec la personne à l’élaboration d’un programme immédiat d’entretien personnel

 

·         Reconnaître qu’il n’est pas toujours nécessaire d’agir

 

·         Demander s’il s’agit d’une première divulgation

 

 

 

Au moment de la divulgation ou lors d’un échange subséquent :

 

 

 

·       Discuter des répercussions des antécédents de violence sur les soins à venir et sur les échanges avec le clinicien ou la clinicienne

 

·       S’enquérir des services de soutien social axés sur les questions de violence

 

 

 

Réactions à éviter à la suite d’une divulgation

 

  • Véhiculer de la pitié (p. ex., « oh, mon pauvre monsieur ! [ma pauvre madame !] ») ;
  • Prodiguer des conseils simplistes (p. ex., « voyez le bon côté de la vie », « tournez la page » ou « ne vous accrochez pas au passé ») ;
  • Exagérer les éléments négatifs ou s’y attarder indûment (« un tel événement suffit à ruiner une vie ») ;
  • Sourire (il vaut mieux présenter une physionomie neutre ou intéressée que sourire dans l’espoir de véhiculer un message de compassion) ;
  • Toucher la personne sans permission, même si c’est pour l’apaiser ;
  • Couper la parole (attendre plutôt que la personne ait terminé son récit) ;
  • Ignorer ou minimiser l’expérience de la personne, les répercussions possibles des sévices passés ou la décision de divulguer les mauvais traitements (p. ex., « est-ce si grave que cela ? », « je connais une femme qui a passé par là et a plus tard décroché un titre olympique », « discutons plutôt de vos douleurs dorsales » ou « je ne vois pas le rapport avec votre entorse »)
  • Oser des questions intrusives qui n’ont rien à voir avec l’examen, la formalité ou le traitement ;
  • Divulguer ses propres antécédents de violence sexuelle ;
  • Projeter l’image d’une personne qui connaît tout du sujet.

 

 

 

 

 

Nous vous encourageons à lire et consulter la version intégrale; vous y trouverez d’autres renseignements forts utiles à votre pratique.

 

 

 

 

 

1) Source: Extrait/résumé/adapté de Schachter, C.L., C.A. Stalker, E. Teram, G.C. Lasiuk, et A. Danilkewich. Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé – Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance, Ottawa, Agence de la santé publique du Canada, 2009. Document PDF- version intégrale.

 

 

 

 

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Manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé - Leçons tirées des personnes qui ont été vicitmes de violence sexuelle durant l'enfance
Agence de la santé publique du Canada, 2009
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Extrait/Résumé tel que dans le texte ci-dessus , fait par INFOVAS à partir du document ci-haut mentionné. Document PDF- extrait/résumé.

 

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Extrait/résumé du Manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Demandes de renseignements spécifiques à la tâche
demandesrensspecifiquestache.pdf
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Extrait/résumé du manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Grossesse, travail, accouchement et post-partum
grossessetravailaccpost.pdf
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Extrait/résumé du manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Santé bucco-dentaire et soins du visage
santébuccodentssvisage.pdf
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Extrait/résumé du manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Douleurs et séparation du corps
Douleurssepcorps.pdf
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Extrait/résumé du manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Annulation des rendez-vous et non respect des traitements
annrvnonrespecttraitement.pdf
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Extrait/résumé du manuel de pratique sensible à l'intention des professionnels de la santé
Éléments déclencheurs de reviviscences
elementsdeclencheursdiss.pdf
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DOCUMENTS À L'INTENTION DES VICTIMES

 

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Dépliant pour une pratique sensible du/de la professionnel-le de la santé
À l'intention du/de la professionnel-le de la santé
Dépliant pouvant être remis au professionnel-le de la santé par la victime
depliantinfovasvignetteprofes.pdf
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Pour une pratique sensible
Dépliant à l'intention des victimes
depliantinfovasvignettevictime.pdf
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Fiche de renseignements pour faciliter la pratique sensible
Dans le cadre d'une pratique sensible, fiche de renseignements remis au professionnel-le de la santé par la victime
depliantinfovasfichederenseignementsvas.
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