S'en sortir

 

REVIVRE après une agression est possible;  le témoignage de plusieurs victimes en est une preuve. Mais cela demande du courage, du temps, de l’investissement … et du soutien.

 

Plusieurs études démontrent que l’on peut guérir de traumatismes graves comme ceux à l’origine du TSPT, et que le chemin de la guérison passe, entre autre, par un réapprentissage émotionnel. Il existe donc des moyens de s’en sortir, des moyens qui seront propres au processus de guérison de chacun.

 

 

FACTEURS INFLUENÇANT LA RÉSOLUTION DU TRAUMA¹-²

 

Vivre un évènement traumatique est une expérience difficile. Cependant comme pour toute chose, on ne réagit pas tous de la même façon à un évènement traumatique, certaines personnes manifestent plus de symptômes et de détresse que d’autres.

 

Les SYMPTÔMES POST-TRAUMATIQUES découlent d’une conjugaison de trois types de facteurs. C’est cette conjugaison, personnelle à chacun, qui va influencer le nombre, la gravité et la durée des symptômes post-traumatiques. Le premier élément qui va influencer vos réactions est l’évènement lui-même. Il s’agit des facteurs déclencheurs, tout ce qui est présent pendant le traumatisme. Des éléments existants avant l’évènement, que l’on nomme facteurs prétraumatiques, vont contribuer à rendre ces facteurs déclencheurs plus dévastateurs. Par la suite, les facteurs de maintien, les éléments présents après le trauma risquent de modifier l’évolution ou la résolution de vos symptômes.

 

LES FACTEURS DÉCLENCHANTS

 

La violence de l’évènement et son potentiel de menace à la vie ont été les premières variables identifiées comme particulièrement néfastes pour la santé mentale. Les traumas interpersonnels (actes causés par la main d’un être humain- agression, séquestration, torture, etc.) sont davantage vécus comme traumatisants. Les évènements qui sont particulièrement intrusifs et où notre intégrité  (corps, âme, frontières, espace vital) a été violée sont particulièrement dévastateurs. Dans les cas d’agression sexuelle, la victime est bafouée dans ce qu’il y a de plus sacré, de plus intime. Les émotions pendant l’évènement semblent avoir un impact sur l’intensité des réactions post-traumatiques. De plus en plus d’études montrent que plus on a ressenti de la peur, de l’impuissance ou de l’horreur pendant l’évènement, plus les symptômes post-traumatiques seront intenses par la suite. Un niveau intense de honte ou de culpabilité pendant l’évènement est aussi corrélé à plus de séquelles post-traumatiques à long terme. On sait aussi que les réactions dissociatives pendant l’évènement sont associées à des symptômes post-traumatiques plus graves par la suite. Un évènement isolé, imprévisible, soudain et court dans le temps, comme par exemple une agression sexuelle va davantage entraîner des symptômes post-traumatiques typiques, soit des symptômes de reviviscence, d’évitement et d’hyperactivation. La violence conjugale chronique, l’inceste, un évènement chronique, répétitif causé de façon intentionnelle par un être humain risquent davantage de provoquer des souvenirs « troués » parce qu’on utilise des mécanismes de dissociation pour se protéger émotivement et tolérer l’horreur ou la peur pendant ces évènements. Ils risquent aussi d’entraîner de plus forts sentiments de honte ou de culpabilité, une faible estime de soin ainsi que des difficultés relationnelles plus importantes.

 

FACTEURS PRÉTRAUMATIQUES

 

Les facteurs de stress présents avant l’évènement traumatique constituent un premier type de facteurs qui peut nous rendre plus vulnérables. Dans la même veines, des symptômes dépressifs, anxieux ou d‘abus de drogue ou d’alcool peuvent nous fragiliser. Les traumatismes antérieurs peuvent aussi constituer des facteurs fragilisants, surtout si ceux-ci étaient graves et qu’ils se sont produits en bas âge. Notre façon de concevoir la vie, le monde et les gens peut aussi influer sur la gravité de notre réaction à un évènement traumatique. Certaines exigences envers soi-même jouent un rôle dans notre acceptation de nos réactions lors de l’évènement et dans nos symptômes post-traumatiques. Notre conception des émotions a un impact important dans notre récupération à la suite d’un trauma. Certains traits de personnalité jouent probablement un rôle dans la façon « d’encaisser » l’évènement et de s’y adapter. Enfin, le sexe et l’âge de la victime sont des facteurs qui peuvent influencer la sévérité des symptômes. Les femmes courent approximativement deux fois plus de risque de développer un TSTP à a suite d’un évènement traumatisant. Parallèlement, certaines données montrent que les victimes plus jeunes risquent davantage d’en souffrir que les victimes plus âgées, et ce, indépendamment du type de traumatisme vécu.

 

FACTEURS DE MAINTIEN

 

Le soutien de l’entourage est souvent crucial dans la convalescence post-traumatique. Les poursuites judiciaires ou criminelles après le traumatisme constituent souvent une épreuve supplémentaire qui peut maintenir vos symptômes ou entraîner davantage la reviviscence des évènements. La façon dont la société juge le traumatisme affecte aussi notre convalescence. Les séquelles physiques constituent un autre élément qui peut maintenir ou aggraver les symptômes. L’impact négatif du trauma sur les relations familiales, conjugales ou sociales ainsi que les conséquences professionnelles négatives (perte d’emploi, de revenus, baisse de la productivité, absentéisme élevé) sont des facteurs de stress qui s’ajoutent au stress engendré par l’évènement.

 

 

 

 

Extrait/résumé de 1) Brillon, Pascale, Ph.D., Se relever d’un traumatisme, Les Éditions Quebecor, 2004 -2) Brillon, Pascale, Ph.D., Comment aider les victimes souffrant de stress post-traumatique, Les éditions Quebecor, 2004