Types de violences sexuelles

 

Nous modifions présentement le texte sur les agressions sexuelles afin d'y inclure les différents types de violence sexuelle dont l'exploitation sexuelle. Le nouveau texte sera bientôt accessible. En attendant, voici le textes sur les différents types d'agressions sexuelles.

 

 

TYPES D’AGRESSION À CARACTÈRE SEXUEL

 

QU’EST-CE QU’UNE AGRESSION À CARACTÈRE SEXUEL?

 

FORMES D’AGRESSION SEXUELLE

 

L’AGRESSION INTRAFAMILIALE OU EXTRAFAMILIALE

L’AGRESSION INTRA GÉNÉRATIONNELLE OU INTERGÉNÉRATIONNELLE

INCESTE

 

LE VIOL

 

LE HARCÈLEMENT SEXUEL

 

 

AGRESSIONS SEXUELLES LIÉES AUX DROGUES

 

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QU’EST-CE QU’UNE AGRESSION À CARACTÈRE SEXUEL?

 

« Une agression sexuelle¹ est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par un chantage. 

 

Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. »

 

L’agresseur peut avoir recours à la manipulation affective ou matérielle, à l’intimidation, à la menace, au chantage et/ou à la violence verbale, physique ou psychologique.

 

 

« Si tu couches avec lui, je t’achèterai tous les bijoux que tu veux.»

 

« Si tu le dis, tu vas détruire la famille. »

 

« Si tu ne fais pas l’amour avec moi, je vais te faire couler. »

 

« Si tu m’aimes vraiment, tu va faire ce que je te demande.»

 

« Si tu en parles à quelqu’un, ce sera pire la prochaine fois.»

 

« Tu peux bien parler, personne va te croire. »

 

 

 

Personne n’a le droit d’avoir des relations sexuelles de quelque nature que ce soit avec une personne non consentante. Qu’il y ait ou non blessure corporelle, si vous n’avez pas accepté librement des gestes ou des activités à caractère sexuel, il s’agit d’une agression sexuelle.

 

 

 

L’agression sexuelle est un acte de violence

et non de sexualité impulsive.

 

 

 

1)       Gouvernement du Québec. Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle. Ministère de la Santé et des Services sociaux. 2001.

 

FORME D’AGRESSION SEXUELLE²

 

 

Une agression peut prendre plusieurs formes. Différents gestes peuvent être posés et le degré de violence utilisé peut aussi varier :

 

  • BAISER  à caractère sexuel 
  • ATTOUCHEMENTS  aux seins, aux cuisses, aux fesses, au pénis, à la vulve et/ou à l’anus 
  • MASTURBATION de la victime par l’agresseur ou de l’agresseur par la victime 
  • CONTACT ORAL-GÉNITAL- Fellation : intromission du pénis de l’agresseur dans la bouche de la victime ou du pénis de la victime dans la bouche de l’agresseur. Cunnilingus : contact buccal des organes génitaux d’une fille ou d’une femme 
  • PÉNÉTRATION vaginale ou anale par le pénis, pénétration de l’anus ou du vagin avec les doigts ou avec des objets 
  • HARCÈLEMENT SEXUEL- toutes les formes d’attentions ou d’avances non désirées à connotation sexuelle qui provoquent l’inconfort, la crainte et menacent le bien-être d’une personne. Cette forme d’agression sexuelle peut comprendre les regards insistants, les paroles, les gestes, les attouchements, les menaces, les propositions, les  blagues et l’affichage de matériel pornographique. 
  • EXHIBITIONNISME- comportement d’une personne qui montre ses parties génitales en public

 

  • FROTTEURISME- comportement d’un individu qui recherche le contact physique des personnes non consentantes, dans des endroits publics (par exemple, tenter de frotter ses organes sexuels sur des inconnus dans l’autobus) 
  • VOYEURISME- tendance ou comportement basé sur l’attirance à observer l’intimité ou la nudité d’une personne ou d’un groupe de personnes 

  

À cette liste, peuvent s’ajouter également les comportements suivants³ :

 

  • APPELS OBSCÈNES : Appels téléphoniques à caractère sexuel, souvent anonymes et répétés, dans le but d'intimider la personne. 
  • EXPLOITATION SEXUELLE: Utiliser une personne à des fins pornographiques ou de prostitution en la contraignant par le chantage, l'intimidation, la manipulation ou la violence physique ou psychologique. 
  • AGRESSION SEXUELLE COLLECTIVE: Agression sexuelle commise par deux agresseurs ou plus sur une même personne, au même moment.

 

 

2)  Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelle, Table de concertation sur les agressions à caractère sexuel de Montréal, 2007.  

 

3) Prévention des agressions sexuelles et drogues du viol-Guide de formation. Production de l’Écho des Femmes de la Petite-Patrie, 2005.

 

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L’AGRESSION INTRAFAMILIALE OU EXTRAFAMILIALE

L’AGRESSION INTRA GÉNÉRATIONNELLE OU INTERGÉNÉRATIONNELLE

INCESTE

 

L'agression intrafamiliale ou inceste. L'agression intrafamiliale a lieu à l'intérieur du milieu familial; il s'agit, par exemple, de relations sexuelles entre père/mère et fille/fils, entre grand-père/grand-mère et petits-fils/petite-fille, entre oncle/tante et nièce/neveu, entre conjoint et conjointe, entre frère et sœur, etc.


L'agression extrafamiliale. L'agression extrafamiliale se produit à l'extérieur du noyau familial. Il peut s'agir d'actes commis par un ami, par un voisin, une personne en autorité (professeur-e, entraineur-e sportif/ve), une connaissance ou une personne tout à fait inconnue.

 

L’agression intra générationnelle. L’agression intra générationnelle met en cause deux personnes de même génération.

 

L’agression intergénérationnelle. L’agression se déroule entre deux personnes appartenant à des générations différentes donc ayant un écart d’âge d’au moins 15 ans.

 

 Voici quelques exemples :

 

 

Agression intrafamiliale

Agression extrafamiliale

 

Agression

intra générationnelle

A

Frère, soeur

Cousin-e

Ami-e, connaissance de ton âge, inconnu-e de ton âge

Agression intergénérationnelle

B

Père, beau-père,

mère, belle-mère,

grand-père, grand-mère

oncle, tante

 

Voisin-e, professeur-e, entraîneur-e, connaissance adulte, inconnu-e adulte

 

 

L’inceste désigne une relation sexuelle entre deux personnes liées par le sang et soumises à un interdit. Au niveau social, on considère aussi comme incestueuse toute relation impliquant une figure parentale (conjoint de fait, beau-père, belle-mère, belle famille) même s’il n’y a pas de lien sanguin. L’inceste est une agression intrafamiliale qui peut être intra générationnelle (dans le tableau-section A) ou intergénérationnelle (dans le tableau-section B).

 

CE N’EST PAS TA FAUTE

Inceste, que faire, comment réagir?

 

Vidéo de Xavier Boquet, sexologue et psychologue français

http://www.youtube.com/watch?v=wTggHwUGo2A&feature=fvw

 

 

 

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LES AGRESSIONS SEXUELLES ENTRE FRÈRES ET SOEURS – Guide PDF
Guide à l’intention des parents, Family Services of Greater Vancouver
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AGRESSION UNIQUE OU À RÉPÉTITION

 

L’agression est aussi définie en fonction de la fréquence des épisodes.

 

Agression sexuelle unique

Agression sexuelle ne comportant qu’un épisode mettant en cause un seul agresseur. Il peut s’agir d’un épisode récent ou ancien.

 

Agression sexuelle chronique ou répétée

Agression sexuelle à répétition, donc comportant plusieurs épisodes mettant en cause le même agresseur. L’exemple typique de ce type d’agression est l’inceste qui se prolonge durant plusieurs années. Le dernier épisode peut être récent ou ancien.

 

 

 

4) Source : Document de formation sur l’intervention psychosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, Régie régionale de la Santé et des Services sociaux d la Mauricie et du Centre-du-Québec, 2003.

 

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LE VIOL

 

Le viol est un acte sexuel imposé par une contrainte physique ou psychologique. C'est une agression sexuelle impliquant spécifiquement une pénétration sexuelle, vaginale, anale ou orale ou pénétration par la main ou un objet. L’on qualifiera de viol également toute relation sexuelle où la victime n’est pas en mesure de donner son consentement soit parce qu’elle est inconsciente, intoxiquée, endormie ou pour toute autre forme d’incapacité. Toutefois, la notion de viol n’apparaît plus dans les textes de loi; elle est remplacée par celle d’agression sexuelle.

 

 

C’EST LA FAUTE DE L’AGRESSEUR

Information- Que faire après un viol?-

 

Vidéo de Xavier Boquet, sexologue et psychologue français

http://www.youtube.com/watch?v=eH--6A04lro&feature=channel

 

 

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LE HARCÈLEMENT SEXUEL⁵-⁶-⁷-⁸

 

Le  harcèlement sexuel désigne toutes les formes d’attentions ou d’avances non désirées à connotation sexuelle qui provoquent l’inconfort, la crainte et menacent le bien-être d’une personne. Cette forme d’agression sexuelle peut comprendre les regards insistants, les paroles, les gestes, les attouchements, les menaces, les propositions, les  blagues et l’affichage de matériel pornographique.

 

Bien que les femmes soient plus vulnérables au harcèlement sexuel*, cela peut également arriver à des hommes ou entre personnes du même sexe. Habituellement, le harcèlement sexuel constitue un comportement particulier qui survient fréquemment pendant une certaine période de temps, mais un seul incident peut être considéré comme étant suffisamment sérieux pour qu’on estime qu’il s’agit de harcèlement sexuel.

 

Le harcèlement sexuel peut se dérouler dans les secteurs de l’emploi, de l’éducation, des services, du logement, etc.

 

 

Exemples de comportements de nature sexuelle inappropriés

 

  • Faire des blagues sexistes;
  • Faire des attouchements sexuels inappropriés et importuns;
  • Afficher des photographies ou des affiches pornographiques;
  • Insister pour planifier une sortie;
  • S’approcher trop près d’une personne;
  • Toucher, pincer, caresser, étreindre ou frôler une personne;
  • Reluquer ou lorgner une personne;
  • Faire des commentaires homophobes;
  • Faire des signes sexuellement suggestifs;
  • Proférer des insultes fondées sur le sexe d’une personne ou critiquer son orientation sexuelle;
  • Réclamer des faveurs sexuelles, souvent en rapport avec une possibilité d’avancement, d’amélioration des conditions de travail, d’obtention de meilleurs notes, de certains services ou autres avantages
  • Envoyer des courriels suggestifs.

 

Cas où il peut ne pas s’agir de harcèlement sexuel

 

  • Avoir des relations consensuelles ou flirt entre des employés;
  • Demander un rendez-vous ou faire l’objet d’une demande;
  • Faire un compliment à une personne.

 

Conséquences

 

Au niveau émotif

  • Sentiment d’être abaissé-e et diminué-e.
  • Perte de confiance en soi-même et dans les autres.
  • Sentiments de rage et d’impuissance.
  • Peur des représailles.
  • Peur de ne pas être cru-e, d’être accusé-e de provocation.
  • Dépression, anxiété et/ou insécurité.
  • Problèmes relationnels et sexuels avec son conjoint.

Au niveau physique

  • Troubles du sommeil
  • Perte d’appétit
  • Migraines
  • Troubles digestifs
  • Maux de dos et de jambes
  • Détérioration de la santé en général

Au niveau du travail

 

La nervosité et le stress que subit la personne peuvent causer:

  • Une diminution du rendement.
  • La perte d’intérêt et de motivation.
  • Des absences et des retards pouvant entraîner des pertes de revenus.
  • Des conditions de vie et de travail défavorables amenant la victime à démissionner ou encore à se voir congédier.
  • L’insécurité financière.

Soutien

o   Ne pas minimiser la gravité des gestes posés contre la personne harcelée, aussi insignifiants qu’ils puissent vous paraître.

o   Lui permettre d’exprimer ses émotions.

o   Être à l’écoute de ses besoins.

o   Déculpabiliser.

o   L’informer qu’elle a des droits et qu’il existe des recours légaux.

o   La référer à un centre d’aide.

o   Lui assurer votre soutien tout en reconnaissant vos limites.

La victime de harcèlement sexuel se sent souvent coupable et remet ses comportements en question. Elle aura tendance à s’isoler et à ne pas en parler. Il est fréquent, lorsqu’elle ose le dire à une autre personne de son milieu, de constater qu’elle n’est pas la seule à être victime du même harceleur.

 

Ce que vous devriez faire si vous êtes victime de harcèlement

 

o  Faites savoir à l’auteur du harcèlement, avec une personne de confiance comme témoin, que son comportement est inapproprié. Vous pouvez lui dire verbalement que son comportement vous met mal à l’aise ou vous pouvez aussi demeurer insensible au harcèlement.

o       N’encouragez aucun comportement qui vous rend mal à l’aise.

o   Si le harcèlement persiste, informez-en, selon le cas, votre patron, votre supérieur, votre représentant syndical, votre locateur, votre fournisseur, votre association professionnelle, le comité étudiant ou des professeurs. Ils communiqueront avec l’employeur/la personne concernée au sujet de la situation. Votre employeur/la personne concernée est tenu de vous assurer un milieu de travail/de vie sécuritaire.

o       Informez vos collègues de travail de la situation, surtout les personnes en qui vous avez confiance.

o       Si d’autres personnes subissent les mêmes attitudes, agissez ensemble.

o      Vous pouvez déposer de façon anonyme des textes traitant du harcèlement sexuel partout sur les lieux du travail.

o   Veuillez à documenter tout comportement inapproprié en tenant un journal. Si des personnes ont été témoin des incidents, prenez note de leurs noms parce qu’elles peuvent aider à justifier votre plainte. Conservez toutes les notes, courriels et textes à ce sujet, et assurez-vous d’inscrire en détail les heures et dates auxquelles les incidents ont lieu. N’oubliez pas de commencer à documenter les événements dès que vous vous sentez victime de harcèlement.

o       Contactez un groupe d’aide pour les victimes de harcèlement sexuel (ex. : gaihst*)

 

Certains comportements sexuels inappropriés au travail ou en d’autres situations sont non seulement régis par les lois sur le harcèlement sexuel, mais également par le Code criminel et d’autres protections législatives provinciales. Ainsi, une personne vivant du harcèlement sexuel peut dépendamment du cas recevoir des prestations de santé et sécurité au travail, exercer un grief, faire valoir ses droits à la Commission des droits de la personne, demander l’intervention de la Commission des normes du travail ou poursuivre son employeur ou le ou les présumé(s) harceleur(s) devant les tribunaux de droit commun. Une victime a jusqu’à deux ans après l’incident de discrimination ou du harcèlement pour entamer des poursuites judiciaires.

 

Pour de plus amples informations :

 

·         Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

www.cdpdj.qc.ca         1-800-361-6477

·         Commission des normes du travail

www.cnt.gouv.qc.ca/accueil/index.html     

(514) 873-7061 ou le 1-800-265-1414

·         Commission de la santé et de la sécurité du travail

www.csst.qc.ca           1-866-302-CSST (2778)

·         Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement au travail de la province de Québec- GAISHST*

www.gaihst.qc.ca       (514) 526-0789

 

 

Source : Extrait/adapté de 5)  Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelle, Table de concertation sur les agressions à caractère sexuel de Montréal, 2007.   6) Le harcèlement sexuel au travail - Guide de référence et des droits, TUAC, 2010 7) Harcèlement sexuel – Vos droits et responsabilités, commission ontarienne des droits de la personne, 2009. 8) www.calacsca.qc.ca

 

 

* On estime qu’environ 90 % de toutes les travailleuses au Canada seront confrontées à une forme ou une autre de harcèlement sexuel en cours d’emploi, les jeunes femmes et les femmes célibataires étant les plus à risque. – op.  cite  6)

 

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AGRESSIONS SEXUELLES LIÉES AUX DROGUES

 

Il importe de bien situer les viols liés aux «drogues du viol » dans le contexte global des agressions sexuelles. Ainsi, il est entendu qu’avoir des relations sexuelles non consenties ou obtenues par la coercition, avec un-e partenaire qui, sous l’influence de l’alcool ou de drogues, ne peut donner son accord de façon consciente constitue une agression sexuelle. L’enjeu est la capacité de la personne d’accepter ou de refuser d’avoir une telle relation, peu importe que sa consommation de drogues ou d’alcool ait été volontaire ou non. D’autre part, les victimes de viol (généralement des femmes) ne peuvent être blâmées pour la violence exercée contre elles, car il est clair qu’elles ne « méritent » pas d’être violées et ne demandent jamais à l’être.

 

Dans le cas de ces agressions, les obstacles à la déclaration sont renforcés de multiples façons : soumission apparente de la victime, perte de mémoire des événements, absence de preuve quant au viol et à l’ingestion involontaire de drogues, hésitation à déclarer une consommation de drogues dont la victime pourrait être tenue responsable, manque d’information sur ces substances autant de la part des victimes que des intervenants et intervenantes, etc. La difficulté de détection constitue une particularité importante de ces agressions, car pour dépister la présence de drogues, la victime doit subir des tests dans les heures suivant l’agression (de 12 à 48 heures selon les drogues). On peut donc imaginer à quel point la dénonciation de l’agression peut être difficile pour une victime d’un viol commis alors qu’elle semblait collaborer, sous l’effet d’une «drogue du viol ». Cette personne peut se sentir encore plus impuissante devant le système judiciaire, puisqu’elle ne peut démontrer ni l’intoxication dont elle a fait l’objet, ni le viol qu’elle a subi en plus d’avoir tout oublié, ni la résistance qu’elle aurait dû normalement démontrer devant l’agresseur. En outre, compte tenu des effets de ces drogues et de leur contexte d’utilisation, le suivi thérapeutique s’avère encore plus difficile que dans d’autres cas d’agression sexuelle, ce qui ne contribue pas au dévoilement de l’agression.

 

Au cours de la dernière décennie, de nombreux cas de viol pouvant être liés à la consommation involontaire de drogues ou de médicaments ont été rapportés dans plusieurs villes nord-américaines.

 

Les cas d’agression sexuelle liés aux «drogues du viol » présentent des points communs : la victime se réveille généralement dans un état de confusion et peut souffrir de vomissements. Son état et son environnement lui laissent croire qu’il s’est passé quelque chose : par exemple, elle se retrouve nue ou sans sous-vêtements dans un lieu inconnu où des indices révèlent que des actes sexuels ont été commis (préservatifs usagés, etc.). Mais la victime ne se souvient de rien depuis le moment où elle a pris une boisson dans un bar ou lors d’une soirée. Son intuition reste en état d’alerte : quelque chose lui est arrivé, elle le sent même si elle ne peut s’en souvenir, ce qui laisse place à la confusion et aux doutes, sentiments venant amplifier les malaises ressentis. Ces cas mettent souvent en cause des adolescentes et des jeunes femmes, mais les femmes adultes sont aussi concernées. L’agresseur peut être une personne qu’elles connaissent, un individu rencontré dans un contexte d’activités sociales (pub, boîte de nuit, fête, etc.) ou même un groupe d’hommes, comme cela s’est déjà produit (Joseph, 1998). Les «drogues du viol » peuvent être introduites à peu près n’importe où, autant dans les bars, les boîtes de nuit et les parties rave que dans des soirées « arrosées » de campus universitaires. Elles se retrouvent également dans les pubs, les brasseries et les cafés, bref dans tous les endroits où des boissons (alcooliques ou non) sont servies. Les soirées privées ne font pas exception non plus.

 

Parmi les nombreux effets de ces drogues, le plus utile aux agresseurs est sans doute la soumission des victimes qui, dans un état de semi inconscience, paraissent consentir à leurs visées et ne sont pas en mesure, après le fait, de se rappeler ce qui s’est passé. Les victimes sont ainsi dépossédées de leurs capacités de réaction, que ce soit au moment même de l’agression ou par la suite, en hésitant bien sûr à dénoncer cette agression, faute de souvenirs ou de preuves. Le caractère particulier des agressions sexuelles perpétrées avec l’aide de «drogues du viol » tend à accroître les traumatismes subis par les victimes. En premier lieu, l’absence de souvenirs crée confusion et désarroi chez celles-ci. Le climat de doute quant aux circonstances entourant l’agression leur enlève ainsi toute emprise sur les faits vécus. De plus, le fait de ne pas pouvoir identifier qu’on a été une victime ralentit le processus de rétablissement dont la première étape est précisément de reconnaître cette victimisation (Dufour et Nadeau, 2000). En second lieu, de telles agressions restent souvent sans poursuite criminelle, faute de témoignage ou de plainte, compte tenu de l’amnésie qui s’ensuit. On peut supposer que le rétablissement des victimes peut aussi être affecté par cette impossibilité de témoigner sur ce qui s’est passé. En outre, la culpabilisation des victimes risque d’être alimentée par le fait qu’elles pouvaient paraître, à tort, plus ou moins consentantes, une décharge qu’invoquent souvent les agresseurs. Or, la culpabilité est l’un des facteurs déterminants dans la symptomatologie des victimes. En dernier lieu, la transmission de maladies vénériennes, du virus HIV et les grossesses non désirées peuvent s’ajouter aux traumatismes du viol, sans compter les conséquences parfois dramatiques de l’ingestion des drogues elles-mêmes (étouffement dû aux vomissures, dépression respiratoire, etc.).

 

 

Portrait des «drogues du viol»

 

Les « drogues du viol » sont des substances utilisées comme élément de soumission chimique dans le but d'agresser sexuellement. Il y a plusieurs drogues du viol, la plus vieille étant l'alcool. Notons comme autres exemples les benzodiazépines qui sont des tranquillisants mineurs principalement utilisés comme sédatifs, anxiolytiques ou hypnotiques comme le Valium ou l'Ativan. Bien sûr, notons également le GHB, le rohypnol et d'autres drogues (ex. : kétamine). Ces substances altèrent l'état de conscience. Les victimes semblent consentir car elles manifestent peu ou pas de résistance. Qu'elle consomme volontairement ou non une ou plusieurs substances, jamais une personne ne consent à une agression sexuelle.

 

 

Nom - Surnoms et formes

Effets** et contre-indications

Aspect légal

ALCOOL

Exemples : bière, vin, cidre, apéritif, digestif, etc. L'alcool est métabolisé par le foie. En quelques minutes, le sang le transporte dans toutes les parties de l'organisme.

 

L'alcool est un dépresseur du système nerveux central. Il détend et désinhibe (diminue ou enlève nos capacités d'établir nos limites). Les effets de l'alcool sur l'organisme sont proportionnels à l'alcoolémie, c'est-à-dire au taux d'alcool dans le sang. À court terme et lorsqu'il est consommé à des doses importantes, il provoque un état d'ivresse et peut entraîner des troubles digestifs, des nausées, des vomissements. Chacune, chacun réagit différemment selon sa corpulence, son état de santé physique et psychique, et selon le moment de la consommation. Le seuil sécuritaire de la consommation dépend donc de la personne, du contexte et de la substance. Quand la consommation s'effectue avec, avant ou après d'autres substances (médicaments, drogues), cette notion de seuil n'a plus cours. En effet, l'alcool multiplie les effets des autres substances lorsque consommé en même temps.

 

Au Canada, vente et possession permises aux plus de 18 ans.

 

 

BENZODIAZÉPINES

Anxiolytiques, sédatifs ou hypnotiques, elles sont prescrites pour diminuer ou supprimer les manifestations d'anxiété ou d'angoisse, pour calmer et apaiser, pour faciliter la relaxation musculaire et pour induire le sommeil. Plusieurs benzodiazépines sont actuellement commercialisées au Québec et au Canada. Les principales sont : Ativan, Dalmane, Halcion, Lectopam, Restril, Rivotril, Serax, Valium, Xanax.

 

Elles peuvent entraîner : perte de mémoire des faits récents, baisse de la vigilance, somnolence, diminution des réflexes. Mélangées à de l'alcool, elles comportent certains risques, car cette combinaison entraîne une potentialisation des effets dépresseurs, qui se traduit par une détérioration des performances psychologiques et motrices.

 

Sur prescription seulement.

ROHYPNOL*

Appellation commerciale du flunitrazépam, un sédatif hypnotique qui fait partie des benzodiazépines, dix fois plus puissant que le Valium. Illégal en Amérique du Nord, il est utilisé dans 64 pays pour le traitement de l'insomnie et de l'anxiété. Généralement sous forme de comprimés ronds et blancs (semblable à une aspirine), il porte la marque du fabricant (Roche). Il peut être avalé, mâché, dissous sous la langue ou dans un liquide, écrasé, reniflé, injecté et fumé. Il est sans goût, sans odeur, sans couleur et, de ce fait, peut être mélangé à tout breuvage.

 

Consommé avec de la marijuana, il en augmente et prolonge l'action. Ses effets se font sentir dans les 20-30 minutes après l'ingestion et durent jusqu'à huit (8) heures. Ce produit diminue fortement l'inhibition de la personne qui le consomme. Selon la dose absorbée : perte de jugement, démarche chancelante, somnolence, induction au sommeil, perturbation visuelle, incoordination musculaire, confusion, léthargie, nausée, perte de mémoire. Peut aller jusqu'au coma, la dépression respiratoire et le décès. Amnésie totale lorsque consommé avec de l'alcool (dépendamment des quantités).

 

Prescription et vente illégales au Canada et aux États-Unis. Obtenu de façon légale (à partir d’une ordonnance médicale) dans un grand nombre de pays, il peut être introduit en petites quantités au pays par l’intermédiaire de voyageurs internationaux.

KÉTAMINE

Proche parent de la phencyclidine (PCP), elle fait partie des perturbateurs du système nerveux central. Cette drogue présente des propriétés anesthésiques et analgésiques. Elle est vendue, sous forme de comprimés ou de capsules. Elle est sniffée en ligne pour ses effets hallucinogènes. Connue sous les appellations : Spécial K, Vitamine, K, Ket, Ketty.

 

À faible dose, la kétamine augmente le rythme cardiaque et peut causer les effets de dissociation. Il est extrêmement dangereux de combiner la kétamine avec des antidépresseurs, l'alcool, le valium ou le GHB. Autres problèmes associés : perte de connaissance accompagnée de vomissements, peut augmenter l'agressivité, perte de conscience, troubles psychologiques (anxiété, attaques de panique), neurologiques (paralysies temporaires) et psychiatriques (psychose toxique), nausées, vomissements. Cette drogue peut aussi toucher la mémoire à court et à long terme, et peut affecter les fonctions intellectuelles.

 

GHB (ACIDE GAMMA-HYDROXYBUTYRATE)*

Substance produite naturellement par le système nerveux central des mammifères, synthétisée en 1960 par l'équipe du Dr. H. Laborit et est utilisée comme anesthésique local. Généralement sous forme d'un liquide contenu dans une petite fiole, mais aussi obtenu en poudre ou en granules. Il est connu sous plusieurs appellations : GH, liquid ecstasy ou ecstasy liquide, fantasy, liquid X, scoop, … Liquide qu'on mélange à l'eau, au jus de fruit ou dans une boisson alcoolisée. Il n'a ni odeur ni couleur (il a à peine un léger goût salé et savonneux) qui disparaît lorsqu'il est mélangé à du jus. Il est utilisé en Europe en anesthésie et pour certaines autres applications thérapeutiques.

 

 

Selon la dose absorbée, il provoque : amnésie, état semblable à l'ébriété, vertige, hypotonie, induction au sommeil, somnolence rapide, inconscience (apparition abrupte du sommeil), coma, hallucinations, vomissements, énurésie, détresse respiratoire, hypotension, hypothermie, etc.

 

 

 

Au Canada, possession et vente interdites.


Cette drogue serait fabriquée clandestinement en grande quantité en Ontario, surtout dans la région de Toronto (GRC, 1999). Aux États-Unis, la vente du GHB est illégale, mais sa possession reste légale (Smith, 1999).

 

Source:9) Production de l’Écho des Femmes de la Petite-Patrie, (2005). Prévention des agressions sexuelles et drogues du viol. Guide de formation.

* Le Rohypnol et le GHB, dont on parle le plus souvent, ne sont que deux des multiples drogues et/ou médicaments pouvant être utilisés à l'insu des personnes à qui ils sont administrés pour faciliter une agression. Ces produits peuvent comprendre un large éventail d'amnésiants, de sédatifs ou d'hypnotiques.

** La réaction varie selon la dose reçue, le métabolisme, la sensibilité à la substance et la présence d'alcool ou d'autres médicaments dans l'organisme.

 

 

Mesures de protection suggérées

face aux agressions sexuelles liées aux « drogues du viol »¹

 

 

Pour les individus:
«Garder son verre à l’oeil»

Pour leur entourage:
«Se serrer les coudes»

Pour les autres personnes: «Prendre ses responsabilités»

Garder son verre à l’œil et le conserver avec soi lorsqu'on se déplace.

Éviter de boire son verre s'il a été laissé sans surveillance.

Ne boire qu’à partir de contenants non débouchés, surtout s’il s’agit de soirées privées.

Éviter, lors de soirées, de se servir des punchs présentés dans de grands bols (mesure fondée sur des cas survenus dans des campus universitaires américains).

 

Sortir et revenir en groupe.

Prendre soin les uns des autres ou les unes les autres.

Porter attention aux comportements de ses amies et amis, car toute personne paraissant plus ivre qu'elle ne le devrait compte tenu de sa consommation d'alcool peut être en danger. S'en occuper sur-le-champ et lui accorder une protection immédiate.

Nommer, au sein du groupe, un observateur ou une observatrice efficace des gens, des consommations et des «exubérances» des membres du groupe (mais sans se fier totalement à la surveillance des «verres» exercée par une autre personne).

 

Toute personne responsable d’une soirée ou d’un établissement porte la responsabilité de la sécurité de sa clientèle.

Refuser toute consommation dont on ignore la provenance.

En cas de malaises, se faire raccompagner en lieu sûr par une personne de confiance, téléphoner à une personne proche ou composer le 911.

 

Intervenir pour protéger un ami ou une amie lorsque son comportement semble inhabituel.

Se rappeler qu'il vaut mieux intervenir que de laisser l'un ou l'une de ses amis se faire abuser.

Protéger toute personne «vulnérable» en s’interposant lorsqu’un individu propose de la raccompagner ou en avisant le ou la responsable de la soirée de la situation (circonstances douteuses).

 

Toute personne responsable d’une organisation visant à informer, éduquer, responsabiliser ou protéger la population doit savoir ce qu’il advient des "drogues du viol" et des mesures à promouvoir en matière de protection et de prévention.

Peu importe ses doutes, se fier à son instinct et avoir confiance en sa capacité à se protéger.

Refuser d’être raccompagné(e) par une personne avec qui on ne se sent pas bien.

Ne pas hésiter à quitter un endroit si l'entourage n’est pas familier ou si l’environnement ne paraît pas sûr.

Conserver sur soi suffisamment d’argent pour payer ses consommations ou prendre un taxi.

Demander à ses amis ou amies de garder l’œil sur soi.

En cas de malaise, de désorientation ou d'ivresse anormale, confier ses inquiétudes à une personne de confiance.

 

Refuser qu’une personne inconnue s’impose dans son groupe ou sa soirée.

Refuser les «nouveaux trips» qui sont présentés comme inoffensifs.

Ne laisser personne de son groupe derrière en quittant les lieux.

Sortir avec des amis dont l’un ou l'une ne boit pas afin de pouvoir conduire en toute sécurité et ramener les autres à la fin de la soirée.

Si un ami ou une amie paraît anormalement ivre et demande même de le ou la laisser tranquille, persister et demander de l'aide au besoin.

Agir dans les limites de ce que l'on se sent capable de faire: cela peut se réduire à téléphoner au 911 ou à une personne proche de la victime potentielle.

 

La promotion des valeurs de solidarité et de protection entre les individus peut faire toute la différence.

 

 

 

10)   Bernèche, Francine; Bouffard, Mireille; Lacroix, Louise et all., Agressions sexuelles et drogues du viol: un phénomène méconnu, Comité Femmes et sécurité de la Petite-Patrie, 2000.