Alcoolisme et toxicomanie

Une enquête réalisée par le CHG de Grasse (France)¹ en 2002-2003 sur les liens entre les différentes toxicomanies et tous les types de violences a démontré que parmi les polytoxicomanes qui participaient à l’enquête 83% des femmes avaient subi des agressions sexuelles alors que 25 % des hommes étaient dans cette situation. Une étude comparative menée par Miller et ses collègues (1987)² auprès de femmes alcooliques et non alcooliques confirme que les alcooliques ont plus souvent subi des sévices sexuels de toutes sortes dans leur enfance et pendant de plus longues périodes.

 

 

Souvent, les victimes d’agression sexuelle aujourd’hui toxicomanes rapportent une consommation de substances psychoactives (SPA) pour tenter de gérer la détresse associée à leur expérience d’abus et à ses conséquences. L’alcool est perçu comme un moyen permettant d’anesthésier la souffrance psychologique de la victime, créant ainsi une façon de « s’auto-médicamenter » (Miller et Downs, 1995). Ce mécanisme, aussi appelé dissociation induite chimiquement (Briere et Runtz, 1993), faciliterait le contrôle des symptômes intrusifs liés à l’abus, tels les cauchemars, et favoriserait l’inhibition psychologique des souvenirs de l’abus (Herman, 1992; Jasinski, Williams et Siegel, 2000). Enfin, ces psychotropes induiraient également une dissociation psychologique permettant à certaines victimes de nier les assauts sexuels encore présents dans la famille.

 

En ce qui concerne la prise de médicaments favorisant la détente et le sommeil, les chercheurs canadiens Groeneveld et Shain (1989) ont conclu que les femmes qui avaient été agressées sexuellement pendant qu'elles étaient enfants ou adultes étaient deux fois plus nombreuses que les femmes non agressées à en consommer. Des enquêtes, menées aux États-Unis sur de larges échantillons, ont également montré que les femmes sexuellement abusées restaient dépendantes de drogues licites ou illicites quatre fois plus longtemps que celles n’ayant pas subi de tels traumatismes³. D’autres études ont démontré une relation entre l’inceste et la toxicomanie de l’un ou l’autre des parents.

 

 

 

 

 

Source : Extrait/résumé de 1)www. ? 2) Brisson, Pierre, L’usage des drogues et la toxicomanie-vol. II, Gaëtan Morin Éd.